Le Brexit est-il vraiment responsable de la baisse du nombre de touristes au Royaume-Uni ?

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Selon l’OMT, le nombre de touristes se rendant au Royaume-Uni a chuté de 5,3 % en 2018. On pourrait penser à une contreperformance passagère dans une conjoncture compliquée, mais ce n’est pas vraiment le cas. Toutes les autres destinations phares dans le monde ont connu une augmentation du nombre d’arrivées. Même les USA qui ont connu l’effet Trump avec la limitation des visas ont connu une légère augmentation du nombre de visiteurs. Et même si nous pouvons nous réjouir du fait que moins d’individus encombrent les rues de Londres, d’Edimbourg et d’Oxford, les chiffres indiquent une baisse de 2,3 % des dépenses, représentant une perte de plus de ₤ 560 millions pour l’économie britannique.

Dans une année où le Royaume-Uni a commémoré un événement de mariage royal (traditionnellement un vrai aimant à touristes), la contreperformance surprend par son ampleur. Pourtant, VisitBritain avait prévu que 2018 serait une autre année record pour le Royaume-Uni. On prévoyait une augmentation de 4,4% du nombre d’emplois dans le tourisme, au lieu de la toute première baisse depuis près d’un an. Les chiffres sont même tombés en dessous de ceux de 2017, une année au cours de laquelle Londres et Manchester ont connu des attaques terroristes au couteau. Qu’est-ce qui se cache derrière le ralentissement touristique ?

Est-ce le Brexit ou est-ce plus compliqué que cela ?

Une étude réalisée par VisitBritain révèle que l’intérêt des touristes européens, qui représentent plus des deux tiers de l’ensemble des visiteurs étrangers, a chuté au fil du temps, de 76 % en août 2016 à 73 % au printemps 2018 et enfin à 69 % à l’automne 2018. Si le résultat du référendum de juin 2016 avait réellement développé un sentiment antibritannique sur le continent, on s’attendait à ce que le nombre de visiteurs diminue pratiquement instantanément. C’est l’inverse qui s’est produit. Dans les mois qui ont suivi le résultat du référendum, la livre sterling a plongé, ce qui a fait revenir les visiteurs les moins fortunés.

La durée prolongée de l’instabilité de la livre sterling pourrait être suffisante pour retarder les visiteurs qui peuvent choisir d’autres endroits en Europe. Les effets du Brexit, qui n’a d’ailleurs pas encore eu lieu, ne peuvent expliquer à eux seuls cette dégringolade. Selon les spécialistes touristiques britanniques, c’est plutôt la rancœur de certains touristes européens qui explique le désengagement et le désamour pour Londres. « Ils sont contrariés par ce qu’ils considèrent comme notre impolitesse », peut-on lire dans un quotidien local. « En ce qui concerne le point de vue de l’Italie, oui, je crois qu’il y a eu un léger fléchissement de l’intérêt des particuliers pour le Royaume-Uni ainsi qu’un intérêt continu sur la façon dont le Brexit a fini par être bâcle », explique un observateur. Manifestement, le Brexit a divisé aussi bien les Européens que les Britanniques. Beaucoup y voient un gâchis politique.

D’autres facteurs conjoncturels peuvent expliquer la chute du tourisme britannique : le Royaume-Uni et Londres plus particulièrement sont considérés, à juste titre, comme étant des destinations chères, et les variations incessantes du taux de change ne font qu’empirer les choses. Le tourisme est l’un des principaux marchés d’exportation du Royaume-Uni et n’exige aucune offre commerciale pour attirer des investissements financiers à l’étranger. Il s’agit également d’un marché mondial de plus en plus compétitif et les individus ont beaucoup d’options.

Notons par ailleurs que le Brexit risque de rendre la visite de Londres plus difficile pour les Européens, mais tout sera normalement fait pour que Londres reste une ville accueillante et touristique. Pour ceux qui ne savent pas que faire à Londres, il y a beaucoup d’activités qui méritent le détour surtout si vous venez pour un week-end à Londres.

Même si le sentiment d’amertume envers le pays depuis le Brexit est bien réel, ce sont bien les considérations d’ordre économique et financier qui expliquent le mieux la chute du nombre d’arrivées à Londres.

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