La Mongolie, vaste étendue de steppes et de déserts nichée entre la Russie et la Chine, est souvent perçue comme le bastion d’une seule ethnie : les Mongols. Cependant, cette perception est loin de la réalité. Bien que 90 % de la population soit d’origine mongole, le pays est en réalité un véritable melting-pot de divers groupes ethniques et de cultures qui coexistent harmonieusement.
Les principaux groupes ethniques en Mongolie
Khalkh
Les Khalkha Mongols constituent le groupe ethnique dominant, représentant environ 84,5% de la population. Ils sont considérés comme les descendants directs de Gengis Khan et, par conséquent, sont vus comme les gardiens de la culture traditionnelle mongole. Leur langue, le Halh, est le dialecte mongol le plus répandu et est compris à travers tout le pays et même au-delà. Les Khalkha Mongols pratiquent des coutumes traditionnelles telles que l’élevage nomade et célèbrent des événements culturels notables comme le Naadam, une fête nationale mêlant sports et célébrations culturelles.
Kazakhs
Avec environ 114 500 individus, les Kazakhs forment le plus grand groupe minoritaire de Mongolie. Installés principalement dans la province de Bayan-Ölgii, à l’ouest du pays, ils ont conservé leur langue turcophone et leurs traditions distinctes, comme la chasse à l’aigle et la musique traditionnelle jouée au dombra. Depuis l’effondrement de l’URSS, beaucoup ont choisi de retourner au Kazakhstan, leur patrie ancestrale, entraînant une diminution de leur nombre.
Buriats
Les Buriats, représentant environ 1,3 % de la population, résident principalement dans les régions forestières du nord, le long de la frontière russo-mongole. Ils partagent des similitudes avec les Khalkha Mongols en termes de caractéristiques physiques et de coutumes, mais ont préservé leur propre dialecte et quelques différences culturelles.
Dörvöd, Bayad, et Dariganga
Les Dörvöd (ou Durvud), Bayad, et Dariganga sont d’autres groupes mongols avec des histoires et des traditions uniques. Les Dörvöd, habitants principalement les régions occidentales, sont originaires de Dzhungaria (aujourd’hui en Chine). Les Bayad, résidant également dans l’Ouest, se distinguent par leur riche tradition poétique et musicale. Quant aux Dariganga, ils habitent les plateaux volcaniques près du désert de Gobi.
Tuvins et Uriankhais
Les Tuvins, principalement présents dans les zones montagneuses du nord, près de la Russie, parlent le Tuvin, un dialecte contenant de nombreux mots mongols et écrit en cyrillique. Malgré leur intégration dans la culture mongole, certains Tuvins ont préservé leur langue et leur culture d’origine. Les Uriankhais, installés dans l’ouest du pays, ont maintenu leurs liens historiques avec l’Empire Mongol tout en développant une culture distincte.
Religion et langues
En termes de religion, la Mongolie est majoritairement bouddhiste (53 %), avec une minorité significative de musulmans (3 %), principalement constituée de Kazakhs, et de plus petites communautés chamanistes (2,9 %) et chrétiennes (2,1 %). Cependant, une grande proportion de la population (38,6 %) s’identifie comme non religieuse. Lors de la planification d’un voyage en Mongolie, il s’avère judicieux de comprendre et de respecter cette diversité religieuse afin de favoriser des interactions harmonieuses avec la population locale et d’apprécier pleinement la richesse culturelle du pays.
La langue officielle est le mongol, notamment dans sa variante Khalkh. Cependant, le pays est également polyglotte, avec des régions où l’on parle le russe, le kazakh et d’autres dialectes mongols. Ces diversités linguistiques reflètent la mosaïque culturelle de la nation.
Enjeux environnementaux et sociales
L’extraction des ressources naturelles est une source majeure de revenus pour la Mongolie, mais elle pose également des défis environnementaux et sociaux considérables. Par exemple, le projet controversé de la mine de cuivre et d’or Oyu Tolgoi a suscité une opposition significative de la part des communautés locales et des organisations de la société civile en raison de son impact destructeur sur l’environnement. Les modes de vie des pasteurs nomades sont menacés non seulement par les mines elles-mêmes, mais aussi par les infrastructures qui les relient à la Chine, traversant des terrains de pâturage traditionnels.
Les hivers rigoureux de la steppe, connus sous le nom de dzud, ajoutent à ces difficultés. Par exemple, l’hiver 2010 a causé la mort de millions de têtes de bétail, poussant de nombreux bergers à migrer vers la capitale, Oulan-Bator. Ces migrants, vivant souvent dans des yourtes traditionnelles appelées gers, sont confrontés à une urbanisation rapide et des services publics insuffisants.
Éducation et préservation culturelle
Les groupes minoritaires tels que les Kazakhs et les Tuvans rencontrent des difficultés en matière d’éducation. Le manque de ressources, de manuels et de professeurs pour les cours en langues non mongoles est un problème persistant. Par exemple, le gouvernement du Kazakhstan envoie des manuels et des matériels éducatifs pour permettre aux enfants kazakhs de Mongolie d’apprendre leur langue et leur culture. Des efforts similaires sont en cours pour les enfants Tuvans, avec des programmes subventionnés d’enseignement à domicile dans les zones reculées.
Conservation des styles de vie traditionnels
Le mode de vie des peuples autochtones, tels que les Tsaatans (ou Dukha), est également menacé. Habitants de la province de Khövsgöl, ces éleveurs de rennes voient leur mode de vie traditionnel menacé par la modernisation et les activités de développement telles que l’exploitation minière. En 2013, leur territoire traditionnel a été désigné zone de conservation, interdisant la chasse et imposant des restrictions strictes sur l’emplacement de leurs campements.
Comprendre la diversité ethnique de la Mongolie, c’est apprécier les contributions de différents groupes à la mosaïque culturelle du pays, tout en reconnaissant les efforts pour maintenir le patrimoine culturel et favoriser l’harmonie interethnique. Le gouvernement mongol promeut la diversité culturelle et soutient des initiatives pour préserver et célébrer le patrimoine de tous les groupes ethniques. Cependant, des défis subsistent, notamment en matière de droits linguistiques, de développement économique inégal et de pression environnementale sur les modes de vies traditionnels. La Mongolie est ainsi un exemple d’une nation profondément enracinée dans ses traditions tout en confrontant les réalités d’un monde moderne.